Le vermicompostage
Le compostage, ou ce fascinant processus biologique de conversion des déchets organiques grâce à l’action combinée de bactéries, de champignons, d’insectes et d’autres micro-organismes en présence d’oxygène. Un juste retour à la terre de tout ce qu’on y fait pousser!
Imaginez-vous maintenant composter à même votre salon (ou balcon, plus raisonnablement…) grâce à de tout nouveaux animaux de compagnie : des vers de terre! Les excréments des vers constituant un riche fertilisant organique, il ne reste plus qu’à les nourrir de vos résidus alimentaires!

Les avantages du vermicompostage ?
Mais pourquoi se tourner vers cette option de compostage?
En fait, il s’agit d’une alternative idéale pour le compostage en ville. Nous n’avons effectivement pas tous et toutes accès à suffisamment d’espace pour un composteur domestique régulier, et encore moins à une cour pour l’y déposer à même le sol!
Puis, en plus de produire un compost de très grande qualité, le vermicompostage peut être poursuivi à l’hiver, au grand bonheur de nos plantes d’intérieur et de nos semis au printemps!
Le vermicomposteur : facile à faire soi-même!
Essentiellement composé d’un bac de rangement de plastique et de terreau, la fabrication du vermicomposteur est à la portée de toutes et tous, même des moins bricoleurs-euses!
- Le contenant
Procurez-vous d’abord (ou réutilisez!) un bac de rangement de plastique opaque. En ce qui concerne son format, sachez qu’il faut environ 0,1 m2 (1 pi2) de surface dans votre vermicomposteur pour composter environ 454 g (1 lb) de nourriture par semaine. Pour un vermicomposteur de la taille de celui montré sur les images, on peut y composter environ 1,4 kg (3 lbs) de nourriture par semaine.[i]
En ce qui a trait à la hauteur du bac, c’est à votre guise. Plus le bac est haut, plus vous pourrez y entasser de compost avant de devoir trier ce dernier des vers et l’utiliser.
1 https://nature-action.qc.ca/osez-le-vermicompostage/

- Aération et drainage
Trous : Il est très important d’assurer un bon drainage et une bonne aération du vermicomposteur. Pour ce faire, pour un bac de ce format, on y percerait une trentaine de trous sur le couvercle, ainsi qu’une dizaine de trous par côté et au fond, tous d’un bon demi-centimètre (1/4 po).


-
- Tissu de géotextile ou moustiquaire : Pour éviter que le terreau et les vers ne s’échappent, on ajoute un morceau de tissu géotextile au fond du bac. Un morceau de moustiquaire peut aussi faire l’affaire, mais comparativement au tissu géotextile, la moustiquaire est traitée à l’aide de produits chimiques susceptibles de se retrouver dans le compost.
-
- Surélever le bac : Il faut s’assurer de surélever le bac pour permettre à l’air et à l’eau de passer par les trous du dessous. On peut utiliser deux blocs de bois ou deux briques, ou encore de tout autres petits objets pouvant facilement être fixés sous le bac à l’aide de colle chaude, par exemple. Assurez-vous aussi de mettre de quoi récolter l’eau, si jamais, sous le bac!
- La litière
Bien différente de celle de votre chat (!), la litière qui accueillera les vers est composée de terreau. On peut y mélanger de petites quantités de feuilles mortes et de papier journal déchiré en languettes. La litière recouvrira tout le fond du bac, à une hauteur d’environ 10 cm (4 po).
Avant d’y ajouter les vers, il est primordial que la litière soit aussi mouillée qu’une éponge pressée, et elle devra le rester en tout temps. On doit donc y ajouter de l’eau si elle est trop sèche. Si elle est, au contraire, trop trempée, et c’est ce qui se produit le plus souvent, on peut y ajouter de la sciure de bois, du papier journal en languettes, de la paille ou du carton déchiqueté, le tout déposé en surface comme sur l’image.

Pas n’importe quels vers!
Maintenant que le vermicomposteur est prêt, on doit y mettre les vers! Cependant, ce ne sont pas tous les types de vers qui permettent de produire du compost.
La grande famille des vers de terre se divise en deux grandes catégories. La première, la plus répandue, regroupe les espèces vivant profondément dans le sol et dont le régime de base se compose principalement d’humus et de terre. Ils contribuent surtout à labourer et aérer le sol. Les vers que nous retrouvons dans la cour ou dans la rue après la pluie sont de cette catégorie[i].
Comme leur nom l’indique, ce sont les vers de la deuxième catégorie, les composteurs, qui peuvent produire du compost. De tous les composteurs, on privilégie le recours au ver rouge (scientifiquement appelé Eisenia Foetida), puisqu’il consomme chaque jour l’équivalent de son propre poids en terreau et en matière organique[ii]. Il vit aisément en captivité et tolère différentes conditions de température, d’humidité et d’alimentation[iii].
[i] https://www.compostage.info/index.php?option=com_content&view=article&id=17&Itemid=16
[ii] https://nature-action.qc.ca/osez-le-vermicompostage/
[iii] https://www.bio-vers.com/images-vers-compostage/Guide-Lombricompostage-bio-vers-com.pdf
Comment s’en occuper?
Prévoyez d’abord un contenant qui servira à y cumuler la nourriture à donner à vos vers, coupée en tout petits morceaux pour faciliter leur travail.
Vous nourrirez les vers environ 2 fois par semaine, en prenant soin de ne laisser aucune nourriture en surface et de tout enterrer à environ 5 cm (2 po) sous la surface de la terre. Il est important de faire une rotation de l’emplacement où la nourriture sera enterrée. Cela permet une meilleure aération du vermicomposteur par les vers qui migreront pour atteindre les nouvelles sources de nourriture.
Pour ce faire, nous vous conseillons de concevoir un petit calendrier.

Si vous décidiez, par exemple, de nourrir vos vers les lundis et jeudis, vous pourriez diviser votre vermicomposteur en 6 parties et noter les dates correspondantes à chacune des parties, en rotation, comme dans cet exemple. Il est important de s’y tenir, surtout au début, mais vous pourrez nourrir les vers plus généreusement et de façon un peu moins contrôlée lorsqu’ils seront plus nombreux et habitués à leur nouvel habitat.
Ensuite, il est important de diversifier la nourriture que l’on donne aux vers, car plus ils se nourrissent d’une variété d’aliments, plus ils sont en santé et plus leur compost est de qualité.
La clé : créer un bon équilibre entre les éléments riches en carbone (matières brunes) et ceux riches en azote (matières fraîches), puis éviter les aliments pouvant générer des odeurs, attirant des insectes indésirables, ou étant trop acides.
Voici des exemples de ce que nous devons et ne devons pas donner à manger aux vers :
Matière brune acceptée :
- Feuilles séchées
- Écailles d’arachide
- Paille
- Pâtes et pain sans matières grasses
- Marc de café
- Sachets de thé
- Bran de scie
- Coquilles d’œufs broyées (contrôle de l’acidité, à privilégier chaque semaine!)
- Vieille terre, tourbe, terreau
- Cordes de fibre naturelle
Matière fraîche acceptée :
- Déchets de jardin, feuilles, tiges vertes
- Légumes et fruits
- Fleurs fanées
- Fanes de radis et de carottes
- Légumineuses
- Pâtes cuites, sans sauce
- Graines broyées
- Écorces de melon et d’avocat
Matières à éviter absolument :
Viandes
Produits laitiers
Matières grasses (ex. : huile)
Fruits tropicaux (notamment les agrumes)
La récolte de compost mûr
Le moment tant attendu : récolter le compost produit par les vers!
La transformation totale des résidus alimentaires qu’on y aura ajoutés prend de 3 à 6 mois [i]. Après cette période, vous constaterez que le volume de la litière a diminué et que la nourriture n’est plus identifiable, puis que la litière est bien sombre et humide. Son odeur rappellera celle du terreau.
Pour récolter le compost, il suffit de tasser le compost mûr et les vers d’un côté du vermicomposteur et d’ajouter de la nouvelle litière de l’autre côté. En ajoutant la nourriture du côté de la nouvelle litière seulement, les vers y migreront, laissant libre le compost mûr. Au bout de deux semaines, vous pourrez récolter le compost mûr, presque vidé des vers. Pour en séparer les vers qui restent, on peut étaler le compost récolté en petits tas au soleil; fuyant la lumière, les vers vont se réfugier au centre des tas, ce qui facilitera le tri.
Finalement, il est recommandé d’utiliser le compost dès sa récolte pour éviter qu’il perde de ses propriétés, les micro-organismes quittant peu à peu le compost dans lequel la nourriture se raréfie. Cependant, le compost mûr peut tout de même se conserver jusqu’à 6 mois après sa récolte.
[i] https://espacepourlavie.ca/vermicompostage
Voilà ! Pourquoi ne pas tenter l’expérience cet été?
Mettez à profit de tout nouveaux animaux de compagnie, t’es pas game d’essayer!
Et si vous avez la phobie des vers, il y a toujours le bac brun ou le compostage domestique!