Pour aller un peu plus loin dans la réduction de l’empreinte écologique de nos assiettes, on peut complètement repenser notre régime alimentaire, surtout en ce qui a trait à nos apports en protéines. Du flexitarisme au végétalisme, ces différents régimes alimentaires sont bien différents, mais ont tous une chose en commun : ils visent à réduire notre consommation de viande, pas seulement mais surtout pour des raisons environnementales. On vous fait donc ici un survol de ces dits impacts environnementaux, question de vous aider à y voir un peu plus clair !
Mais surtout, n’oubliez pas : l’important n’est pas de cesser complètement de consommer des produits d’origine animale dès maintenant, mais bien de cumuler, tranquillement, de petits gestes en ce sens ! Aller, t’es pas game !
Gaz à effet de serre et enjeux locaux
Qui dit impact sur les changements climatiques dit émissions non naturelles de gaz à effet de serre (GES). La production de viande mondiale émettant non moins de 7,1 gigatonnes d’équivalents CO2, donc de GES, par année, le secteur de l’élevage est responsable de 14,5% des émissions de GES globales (1) : à ce niveau, le secteur de l’élevage émet plus de GES que le secteur des transports, tous transports confondus (2) !
Mais pourquoi tant de GES?
En fait, 45 % sont attribuables à la culture et la transformation de la nourriture dont se nourrissent les animaux d’élevage, alors que 39 % proviennent de la fermentation gastrique des ruminants… autrement dit, de leurs flatulences (3)! Les autres émissions résultent surtout du stockage et de l’utilisation du lisier, composé essentiellement d’excréments, de l’abattage et du stockage des produits animaux (4).
Et de tous les animaux d’élevage, les grands champions des GES, ce sont les bovins. Comme le démontre le graphique qui suit, la production de bœuf et de lait de vache représentent respectivement 41% et 20% des émissions de GES de tout le secteur de l’élevage. Comme quoi réduire sa consommation de viande rouge, intrinsèquement liée à sa consommation de produits laitiers, constitue un pas important dans la lutte contre les changements climatiques!
Toutefois, en réponse à ces chiffres, certain-e-s soulèveront la nuance suivante : ils ne représentent pas la réalité québécoise ou canadienne. C’est vrai. Au Québec, le secteur de l’agriculture, qui inclut l’élevage, ne représente que 9,8% des émissions de GES (5), c’est-à-dire même moins que le secteur de l’élevage seul mondialement. Il en va de même à l’échelle du Canada, avec une proportion de 10% (6).
MAIS : la viande que nous consommons est-elle de chez nous ? La réponse est… principalement, non.
Selon l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), l’étiquette apposée sur un paquet de viande n’a pas l’obligation d’indiquer le pays de provenance lorsque ladite viande est transformée au Canada ou simplement lorsque qu’elle est étiquetée sur place par le détaillant. Mais plus encore : une viande peut se voir attribuer la mention «bœuf Canada A» ou «Canada Prime», par exemple, simplement en référence au persillage – filaments de graisse qui parsèment la viande – et non à son origine.
- En bref: La viande n’a pas besoin d’avoir été produite au Canada pour être étiquetée comme telle.
- Résultat: Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) estime que seulement 23% du marché québécois a été approvisionné par la production québécoise en 2010 (7). Le reste provient à 70% des autres provinces canadiennes ou bien de pays étrangers, après être passé par l’une de ces provinces. D’ailleurs, seulement 7% de notre bœuf est importé directement au Québec, et il provient surtout de la Nouvelle-Zélande, de l’Uruguay et du Brésil (8).
Ainsi, si les émissions de GES causées par le secteur de l’élevage sont moins importantes au Québec et au Canada, c’est simplement parce qu’une grande majorité de la viande consommée ici provient d’ailleurs. En somme, le secteur de l’élevage est un grand contributeur aux changements climatiques, et la consommation de viande ici au Québec n’y échappe malheureusement pas.
Élevage et déforestation : des liens très étroits
Une autre conséquence notable de la consommation de viande sur l’environnement, c’est la déforestation qui y est intimement liée. En fait, les derniers 9% de toutes les émissions de GES du secteur de l’élevage sont imputables à la déforestation liée à l’extension des cultures et des pâturages nécessaires à l’élevage (9).
D’ailleurs, qui n’a pas entendu parler de la déforestation intensive de la forêt amazonienne ? Cette déforestation, est en très grande partie pratiquée en raison de l’élevage. En 2016, Greenpeace publiait une étude démontrant que seul l’élevage bovin était responsable de 63% de la déforestation en Amazonie (10). Dans le monde, l’élevage serait responsable de 14% de toute la déforestation (11).
Il n’en reste pas moins qu’une grande part de la viande que nous consommons dépend directement des cultures pratiquées en Amazonie pour nourrir le bétail qui causent encore énormément de déboisement. Et ce déboisement, accentué par les feux de forêt qu’il génère, ne fait pas que contribuer à l’émission de GES, mais compromet également des écosystèmes, tous plus importants les uns que les autres.
Réduire sa consommation de viande ne permet donc pas seulement d’épargner les animaux d’élevage, mais aussi et surtout un nombre inestimable d’espèces essentielles à la biodiversité.
Photo : Paul Whitaker, Reuters
Source : La Presse, https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2020-01-14/bresil-augmentation-de-85-de-la-deforestation-en-amazonie-en-2019
L’eau, une autre ressource compromise par l’élevage
Les ressources forestières ne sont pas les seules compromises par l’élevage. Alors que plusieurs estiment que la croissance des besoins en eau de l’agriculture d’ici 2050 est globalement insoutenable (12), l’eau est probablement l’une des ressources les plus en péril en raison de l’élevage.
Une étude démontre qu’il faut en moyenne 7900 L d’eau pour obtenir 1 kg de protéines carnées, alors que 1 kg de protéines végétales en requiert en moyenne 4650 L, et ce, sans compter l’eau de pluie qui créerait des écarts encore plus marqués (13). Les chiffres du graphique suivant montrent la quantité d’eau nécessaire à la production des différents aliments :
Pollution et contamination
Finalement, l’élevage ne fait pas que consommer beaucoup d’eau : il contribue aussi à sa contamination. L’élevage serait en fait la plus grande source de polluants dans l’eau, qu’on parle de déchets animaux, d’antibiotiques et d’hormones utilisés dans plusieurs productions, ou encore des produits chimiques, engrais et pesticides utilisés pour les cultures destinées au bétail (14).
Cette contamination cause entre autres le phénomène d’eutrophisation, lui-même responsable de la prolifération d’algues vertes et de la destruction d’écosystèmes aquatiques entiers, de même que l’infiltration d’agents pathogènes dans les nappes phréatiques.
Et puis, qui dit contamination des ressources en eau dit aussi contamination des sols. Cela se fait notamment via les pluies acides, elles-mêmes causés par les émissions d’ammoniac dans l’air dont 80% proviennent de l’élevage (15) ! Ces pluies acides, qui, en fait, perturbent la photosynthèse et détruisent les éléments nutritifs du sol, peuvent donc être évités par un changement de nos pratiques en matière d’élevage, évidemment, mais surtout en contribuant à réduire l’importance de ce secteur.
En réduisant la demande, on réduit l’offre
Ressources pour faire le saut
Sur cet aperçu des conséquences environnementales de l’élevage, il est important de rappeler que changer ses habitudes alimentaires ne se fait pas tout d’un coup. De toute manière, ce n’est pas l’objectif : un parfait vegan n’équivaudra jamais à 100 végétariens ponctuels, mais avertis !
C’est pour cela que l’on vous propose, pour terminer, quelques ressources utiles pour initier de petits changements dans votre alimentation. Des infos, des défis et des idées de recettes à essayer, ça vous dit ? C’est par ici :
- Les ressources (dont des recettes !) de l’Association végétarienne de Montréal : https://vegemontreal.org/
- Lien particulier vers son célèbre Petit guide de l’énergie végétale : https://vegemontreal.org/projets/petit-guide-de-lenergie-vegetale/
- Lien particulier vers son répertoire des commerces et restaurants offrant des options végétariennes : https://vegemontreal.org/annuaire-des-commerces-vegetarien-vegetaliens-et-vegan/
- Les ressources (dont encore des recettes !) du Défi Végane 21 jours : http://ledefivegane21jours.com/
- Le guide d’information du Département de nutrition de l’Université de Montréal à ce sujet : https://nutrition.umontreal.ca/wp-content/uploads/sites/45/2019/11/Viens-manger_v%C3%A9g%C3%A9tarisme.pdf